Ces hommes et ces femmes nous ont laissé un héritage immense. Portrait de quelques-uns d'entre eux.
Bien sûr, nous respectons et respectons les aventuriers actuels ou des dernières décennies. Mais leurs glorieux aînés ont sans doute encore plus de poids puisque bon nombre d’entre eux étaient aussi de purs découvreurs. En l’absence de GPS, mais surtout en l’absence de cartes, l’exploration était tout de même à portée de pieds, de pattes de chevaux et de bateaux, jamais sans mal.
Ils sont nombreux à avoir bravé les éléments, les interdits, leurs peurs, pour offrir à l’humanité des moyens de progresser, d’apprendre. Avec toute l’humilité que nous leur devons, voici quelques portraits d’aventuriers/explorateurs choisis sans aucune prétention d’exhaustivité tant ils ont été nombreux à travers les siècles.
Marco Polo
Le père et l’oncle de Marco Polo, marchands de Venise, ont déjà converti ce qui devait être un voyage commercial en exploration bien avant sa naissance. Partis en 1255, ils atteignent l’actuelle Pékin et ne reviennent que 14 ans plus tard, avec un message de Kubilay Khan pour le pape. Il est proposé à ce dernier d’envoyer d’autres visiteurs en Chine.
En 1271, alors que Marco Polo n’a que 17 ans, ils repartent en voyage. Depuis l’Arménie, et l’actuelle Géorgie, le golf Persique est atteint. Puis la Perse et bientôt l’Asie centrale par la route de la soie. La première étape, d’une durée d’un an, se passe à Ganzhou, et les affaires sont bonnes pour les Polo.
En 1275, le Grand Khan invite les Polo dans sa résidence d’été de l’actuelle Kaping. Il protège Marco, qu’il tient en haute estime et il lui confie des missions et il restera 16 ans à son service, période durant laquelle il parcourra tout le pays.
Seulement, l’envie d’un retour à Venise est de plus en plus pressant. Le souverain donne une dernière mission aux Polo. Il s’agira d’escorter une princesse destinée à épouser un khan de Perse. Ceylan est atteinte, avant la côte occidentale du Deccan. Mission terminée avec succès à Ormouz (Perse) Ayant accompli leur mission à Ormuz, en Perse, la mer Noire est atteinte par la terre ferme, avant Constantinople et enfin Venise en 1295).
Le répit n’est que de courte durée car 1296, il est fait prisonnier au cours d’une bataille opposant Gênes à Venise. Incarcéré, il dicte en 1298 les souvenirs de son périple à celui qui est emprisonné à ses côtés, le trouvère Rusticien de Pise.
Le Livre des merveilles du monde qui en résulte est un ouvrage formidable qui dépasse la notion de récit de voyage. Géographie, économie, croyances, institutions, tout est passé en revue. L’organisation de cet immense pays a fortement impressionné le jeune Polo, et la restitution qu’il a fait de ces nombreuses années a marqué pour longtemps l’imaginaire européen. Au point de constituer le point de départ des voyages de Vasco de Gama et de Colomb, pour découvrir les trésors relatés dans l’ouvrage.
Marco Polo ne sera libéré qu’en 1299 et cette fois, il n’est plus question de quitter Venise. Redevenu simple marchand, il y meurt en janvier 1324, à près de 70 ans.
Christophe Colomb
Le navigateur n’est probablement pas le premier à avoir découvert les côtes nord-américaines, le viking islandais Leif Eriksson l’ayant fait au 11e siècle. Mais l’Histoire a décidé de garder le nom de Christophe Colomb.
Ce jour du 12 octobre 1492, quand il arrive après deux mois d’un voyage mouvementé sur l’île de Guanahami (actuelles Bahamas), il est persuadé d’être arrivé aux Indes, ce qui était son objectif initial. Et il ne saura jamais qu’il avait découvert un nouveau continent. Il meurt en 1506, seul et pauvre. Finalement, ses voyages ont été considérés comme des échecs, n’ayant pas prodigué les richesses escomptées.
Magellan, un tour du monde inédit
Fernand de Magellan naît à 1480 dans le nord du Portugal, probablement à Porto. Mais le lieu exact de sa naissance n’est pas l’élément central de sa vie, loin de là. En 1519, le navigateur déçu du manque de considération du royaume portugais après ses dernières expéditions. Il se tourne alors vers l’Espagne, où Charles Quint lui confie la mission de diriger une expédition composée de cinq navires. Objectif : rallier l’Indonésie par l’ouest, ce qui n’avait jamais été fait.
Les bateaux partent au mois de septembre de la même année, et atteignent le Brésil en décembre. Il tente en vain de découvrir un passage vers la mer l’estuaire de la río de la Plata. Le continent est longé, et escale est faite en Patagonie, pour plusieurs mois. Après avoir réussi à réprimer une mutinerie, Magellan reprend sa route et trouve un passage, le détroit qui porte depuis son nom. Fin novembre 1520, après la perte d’un bateau et la mutinerie d’un deuxième qui reprend route en direction de l’Espagne, l’océan est atteint. Trois mois plus tard, l’océan auquel il donne le nom de « Pacifique » car ses eaux sont selon lui tranquilles, il atteint les îles Mariannes en mars 1521. Quelques jours plus tard, les Philippines sont atteintes, avant l’île de Cebu, où il y fait escale. Le souverain local lui demande de l’aider à dominer une île voisine, celle de Mactan. Magellan tombe mort sous l’effet d’une flèche empoisonnée durant la bataille.
Le dernier navire regagnera l’Espagne le 6 septembre 1522, le premier à réaliser un tour du monde. Même s’il n’a pas terminé son voyage, le navigateur en reste le seul initiateur.
Alexandra David-Néel et l’entrée dans Lhassa
Alexandra David-Néel, de son vrai nom Louise David, naît en 1868 à Saint-Mandé, dans le Val-de-Marne. Après une éducation religieuse stricte, elle se passionne pour l’Asie après la découverte du musée Guimet à Paris. Devenant orientaliste à la suite de ses études, elle se convertit au bouddhisme à l’âge de 21 ans. Parallèlement, elle apprend le piano et le chant et commence une carrière de chanteuse lyrique qui l’amène à voyager. Et c’est lors de l’un de ces voyages, où elle fréquente des monastères, qu’elle rencontre en Inde et en 1912 le 13e Dalaï Lama. Ce fait inédit pour une Européenne ne sera pas le seul.
Car entre octobre 1923 et février 1924, elle marche plus de 2 000 km en compagnie de son fils adoptif. Déguisée en pèlerine tibétaine, adoptant le comportement des femmes les plus pauvres du pays, elle parvient à entrer dans la capitale Lhassa, qui est alors interdite aux étrangers.
A partir de 1925, correspondant à son retour en France, elle raconte son périple dans Voyage d’une Parisienne à Lhassa (1927). Alexandra David-Néel repartira en voyage vivre une retraite de cinq ans au Tibet. Enfin en 1946, elle s’installe dans sa maison de Digne-les-Bains et poursuit son rôle de passeuse de la culture tibétaine. Elle meurt en septembre 1969 à près de 101 ans.