La course fractionnée, un allié contre l’addiction et les drogues d’après une étude

Image d'illustration. Chaussures de course sur sentier naturelADN
Une récente étude révèle que la pratique de la course à pied en intervalles, méthode d’entraînement alternant efforts intenses et récupérations, jouerait un rôle préventif face aux risques d’addiction et de consommation de substances illicites.
Tl;dr
- L’entraînement par intervalles protège mieux contre l’addiction.
- Le HIIT modifie la chimie du cerveau liée à la récompense.
- Des recherches sur l’effet chez les femmes sont prévues.
Course à intervalles : une barrière inattendue contre l’addiction
Depuis longtemps, les adeptes de la course à pied reconnaissent le pouvoir d’un entraînement intense pour dynamiser le moral et recentrer l’esprit. Mais une question se pose : est-ce vraiment l’intensité, davantage que le volume d’entraînement, qui joue un rôle clé dans la prévention des comportements addictifs ? C’est ce que révèle une récente étude de l’Université de Buffalo, publiée dans PLOS One, en explorant les effets du HIIT (High-Intensity Interval Training) sur des souris exposées à la cocaïne.
L’expérience menée sur des rongeurs
Les chercheurs ont réparti des souris adolescentes en deux groupes distincts : le premier bénéficiait d’une course modérée et constante sur tapis roulant, tandis que le second suivait un entraînement fractionné, alternant sprints courts et pauses. Après dix jours d’exercice quotidien de 30 minutes, les résultats ont surpris. Seuls les animaux ayant pratiqué le HIIT montraient une nette aversion – jusqu’à 19 % – pour la pièce où leur avait été administrée de la cocaïne. À l’inverse, les sujets inactifs ou engagés dans un rythme monotone restaient indifférents. Ce constat vient étayer l’idée que l’activité physique intense, en particulier à l’adolescence, pourrait jouer un rôle protecteur face au risque d’addiction.
De réelles implications pour la prévention humaine
Pourquoi cet intérêt pour le lien entre activité physique et toxicomanie ? Selon les chiffres de 2019, plus de 23 millions de personnes dans le monde souffraient d’un trouble lié à la consommation de substances. Or, la cocaïne, deuxième drogue illicite la plus répandue après le cannabis, agit fortement sur le système de récompense cérébral en bloquant la recapture de dopamine. De précédentes recherches avaient déjà montré que l’exercice peut modifier positivement le métabolisme cérébral associé à ces circuits de récompense.
Concrètement, cela signifie que certaines formes d’exercice régulier pourraient contribuer à réduire non seulement l’envie mais aussi la rechute chez les personnes concernées par une addiction.
Perspectives cliniques et futures pistes
En somme, si les footings tranquilles restent précieux pour garder la forme sur la durée, intégrer des séances de fractionné – ces fameuses séries rapides suivies de récupération – pourrait apporter bien plus qu’un simple bénéfice physique. Les chercheurs ambitionnent désormais d’explorer ces effets chez les femelles, suspectant une sensibilité différente selon le sexe. Ils souhaitent également décortiquer comment le HIIT influence précisément le métabolisme cérébral dans les zones liées à la prise de décision et au contrôle de soi.
Au-delà des résultats observés chez les rongeurs, ce travail ouvre donc une nouvelle fenêtre sur la prévention et l’accompagnement humain face aux troubles addictifs : intensité plutôt que quantité ? Voilà un débat relancé avec brio par cette étude novatrice.
